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NUE DANS L'AUBE

Je ne suis pas seulement ce corps que je porte. Je suis plus que la chair et l’os sur la grève. Je suis ce lac renversé.  Jusqu’à la dernière goutte. Je flotte dans l’abondance bleu du lac. Mes épaules soupirent dans l’air frais du jour qui s’achève. L’allégresse se noie dans ce qui me compose. J’écoute le chant pénétrant de l’eau qui frissonne. Et le vent, je le dévore sans bruit. Je suis naissante dans le flot scintillant des vagues.  Le torrent n’est plus très loin de la lumière. Ma nudité absorbe l’immensité du ciel. Je suis nue dans l’aube. Je suis comme vous, une âme de passage en ce monde.

Photographies : www.roseauxjoues.com

Textes : www.redactioncreative.com

Équipe vidéo : www.cocottefilms.com

Lieu : www.h2up-sup.com

Maquillage : Julie Perreault

JOHANNE FONTAINE | NOTRE PORTE-PAROLE ET LA RADIEUSE DE AOÛT

Je mets les voiles vers des contrées lointaines à l’intérieur de mon corps. Ma peau boit le lac. Le vent me porte au-delà de moi-même, bien plus loin encore que la maladie. Je suis née ici, entre les roseaux lumineux. Je suis née libre et sauvage comme les falaises qui résistent aux bourrasques.

Mes ailes, je les ai peintes à l’encre blanche du vide et de l’absence. Je me suis sentie bien avec moi-même un instant. Mes ailes, je les ai recousues avec des fils robustes. Mes ailes, je les déploies, les jours de secousses insurmontables.

Et je vole au-dessus du vacarme dans un silence plein de solitude. Je vole sur des ciels bleus, dans une nuée d’étoiles invisibles. Je vole dans les ondes marines du lac qui m’avale et me recrache un peu plus loin sur la rive.

JE FERAI TREMBLER LA TERRE DANS MA RESPIRATION

LA COULEUR BRÈVE DES OMBRES

Ce feu attise mes promesses : celles que je me suis faites le jour où j’ai dû réapprendre à vivre. Le feu ardent de mon silence, je le mâche pour mieux vous rendre ma grande fragilité.

J’accompagne la couleur brève des ombres. Des ombres rebelles que j’apprivoise. Je danse entre les racines frêles de ma mémoire comme si c’était la toute première fois que je caressais son souffle. Comme si rien d’autre ne comptait sinon ancrer mes empreintes sur le sol sonore des forêts. Je danse avec l’ombre d’une fin du monde à recommencer. Je danse jusqu’à épuiser la substance qui fait de moi une femme. Je danse et m’embrase sur la braise vibrante de ma vie.

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